La Commission de toponymie du Québec lance une réflexion sur les toponymes critiqués. Le Devoir fait état de deux exemples : « avenue Moncton » et « rue Christophe Colomb » (Le Devoir, 18 mars, A8), les deux dénoncés pour des raisons historiques.
La Commission devrait également tenir compte de remarques faites pour des raisons linguistiques. Voici trois toponymes qu’il faudrait rectifier.
Le premier et le plus illustre : rue du Petit Champlain à Québec. Le nom de la rue est une déformation de traductions successives : Petite rue Champlain, Little Champlain Street et rue du Petit Champlain. Bref on est passé du français au franglais en deux siècles. On n’a qu’à remplacer Champlain par le patronyme d’une personnalité contemporaine pour prendre la mesure du déraillement.
Il y aurait une deuxième correction à envisager : avenue du Belvédère, toujours à Québec. Il y eut sans doute un belvédère à l’une ou l’autre extrémité de la voie de circulation. S’il y avait eu deux écoles ou deux églises, aurait-on dit une « avenue Église » ou une « avenue École »? Poser la question, c’est y répondre.
Enfin, la Commission pourrait entériner l’appellation abrégée Thetford. Cette dernière s’est imposée au cours des ans. Les locuteurs l’ont francisée d’instinct en négligeant le mot « Mines » qu’on prononce toujours à l’anglaise. C’est un exemple de toponyme franglais! Thetford prononcé à la française et « Mines », à l’anglaise.
Les valeurs actuelles justifient des ajustements toponymiques à n’en pas douter. Le souci de la qualité du français parlé ou écrit devrait également faire partie des motifs à prendre en considération. Surtout à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie.
Gaston Bernier
Note publiée dans Le Devoir du 21 mars 2024 (p. A6).