François Brunet surveille la langue des ondes. Voici une compilation de fautes signalées aux journalistes de Radio-Canada.
D’abord, les fautes de prononciation :
On prononce trop souvent “gang” à l’anglo-québécoise : “gagne”. En français, on dit “gangue”, qui rime avec “langue”.
J’ai envoyé la remarque suivante au sujet de la prononciation de “Hong Kong” : En français, on nasalise le “on” : “hongue congue”. Rime avec “longue”. Ce qui m’a valu en réponse l’extrait suivant de la fiche “linguistique” de Rédio-Canne :
Chez nous, la prononciation la plus courante de Hong Kong est OGN-KOGN. La prononciation ONG-KONG est surtout employée en Europe francophone. Les deux prononciations sont attestées dans les dictionnaires et sont donc correctes. Il faut toutefois s’assurer d’être uniforme dans un même reportage, une même émission.
J’ai ainsi conclu :
Vous n’êtes pas le premier journaliste de Rédio-Canne qui, en réponse à une correction, me sort un lapin sous la forme d’une fiche “linguistique” interne, comme si elle prouvait quoi que ce fût. “Chez nous, la prononciation la plus courante de Hong Kong est OGN-KOGN”. Exact et elle est incorrecte : il faut être aveugle pour ne pas comprendre qu’elle reflète l’anglais, ce qui n’est pas le cas en Europe.
Les amateurs de plein air qui font du “camping” doivent savoir qu’il faut dire “campigne” (on nasalise le “am”) et non pas “caimmepigne” : même si certains journalistes persistent dans l’erreur : “selon le site linguistique de Radio-Canada, même si la prononciation française est souhaitable, les deux prononciations sont acceptées.” Ma réponse : “La prononciation anglo-québécoise est peut-être acceptée par le site linguistique de Rédio-Canne, mais elle n’est pas acceptée en français correct.”
Quelques corrections de fond récentes :
Mettre “l’emphase”?anglicisme courant au Québec. En français on dit “l’accent”.
Pourquoi dire que Peter Nygard était un “designer”? Il était “couturier”, et/ou styliste
“Acheter’ du temps”? Encore cet irritant anglicisme! On “gagne” du temps en français.
Trop souvent, on dit “confinement” qui est une mesure sanitaire, alors que “bouclage” est une mesure policière.
Et on répète trop souvent que la Cour suprême américaine a “renversé” l’arrêt Roe v. Wade, alors qu’il est là pour l’éternité! Par contre, la Cour suprême “a répudié la jurisprudence Roe v. Wade”, rejetant ainsi le principe consacré par cet arrêt.
On a parlé d’”huile à chauffage” alors qu’il s’agit de “mazout”.
J’ai dû rappeler que l’on ne “charge” pas en français en matière financière : on “facture”.
Une personne recherchée par la police n’est pas “au large”, mais “en fuite” ou “en cavale”.
Le gouvernement ne “tient pas sa ligne”, mais “garde le cap”.
“C’est du bonbon” est un bizarre régionalisme québécois, qu’on entend souvent dans les médias. L’expression française correcte est “c’est du pain bénit”.
Hélas, on n’a pas fini d’entendre la “jurisdiction” fédérale ou provinciale, alors qu’il faut dire “compétence”. Et on oublie que “fédéral” et “provincial” ne sont pas des substantifs, mais des adjectifs.
On n‘est pas “sympathique” à une cause, mais “favorable”.
“Ultimement” est un anglicisme plus subtil, mais il faut dire “au final”.
Est plus grave la “balance” des inconvénients, alors qu’il faut dire “prépondérance”.
“Quand la poussière est retombée”? Autre calque de l’anglais. En français, on dit “quand les choses sont tassées” ou “quand le calme est revenu”.
Autre calque : mettre un projet “sur la glace”, alors qu’il faut dire “en veilleuse”.
Voilà! Radio-Canada m’a gardé occupé ces dernières semaines!
François Brunet
13 novembre 2023