M. Bernier,
Je suis entièrement d’accord avec vous pour ce qui est de la petite note au sujet du Vénézuéla [voir ci-dessous]. Mais, dans ce cas, il y a peut-être une petite explication et beaucoup de confusion à la défense du Devoir.
J’ai fait une bonne partie de ma carrière dans les services linguistiques et les services juridiques de l’ONU (après avoir été reçu premier au concours de traduction et de rédaction française de l’ONU sur plus de 4500 candidats).
Pour ce qui est du nom des États, tous les fonctionnaires de l’ONU doivent obligatoirement s’en remettre, pour les six langues officielles de l’ONU, à une liste officielle préparée par un quelconque fonctionnaire de l’ONU avec chacun des pays concernés. La grande majorité ne présente pas de problèmes, mais dans certains cas les autorités de certains pays insistent pour que leur pays soit connu officiellement comme ils en ont décidé sans égard à toutes autres règles linguistiques. Le cas classique est le vaste problème du nouveau nom de l’ex-Macédoine. C’est la version qui doit être respectée ensuite.
Pour ce qui est du français, la chose se complique un peu parce que le Quai d’Orsay publie (ou publiait) son propre glossaire de noms et de termes internationaux qui devait être suivi malgré quelques conflits avec la version officielle de l’ONU pour ce qui était de la version française.
Le résultat est que l’ONU écrit, à mon grand regret, Venezuela, sans accent, même en français:
https://www.un.org/fr/about-us/member-states
Mais, dans les publications officielles de la République française, on écrit: Vénézuéla
Et parfois Venezuela :
En bons Normands, les responsables de TERMIUM nous recommandent … les deux.
Grâce à vous le débat est lancé.
J’en profite pour vous féliciter et vous remercier de votre valeureux travail. Nous vous devons beaucoup.
André Sirois
Avocat auprès de l’ONU
P.-S. – Je veux vous dire que je suis absolument en faveur des accents. L’exemple que je donnais dans mes cours de formation c’était, pour montrer l’importance des accents sur les majuscules, le titre du RÈGLEMENT SUR LE POISSON SALÉ qui serait autrement le REGLEMENT SUR LE POISSON SALE. Et c’est avec de tels exemples que je suis arrivé, en trois ans, à faire mettre deux (immenses) accents sur le nom de l’AÉROPORT DE MONTRÉAL, puis, par la suite, sur celui de l’AÉROPORT DE QUÉBEC. Continuons le combat. AS
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Mesdames et Messieurs de l’Asulf,
Je lis, dans la page Actualités (Le Devoir), la manchette « Le Venezuela rétablit l’électricité… » (3 septembre, p. 2). L’entrefilet provient de l’Agence France-Presse.
Normalement, les médias devraient écrire Vénézuéla. Avec trois « é ». C’est la pratique observée pour les toponymes de pays voisins : Pérou, Équateur et Brésil et aussi d’autres (Nigéria, Nouvelle-Zélande …). Je note quand même que les dictionnaires, sauf exception, ne reconnaissent pas le politonyme accentué.
La graphie sans les accents peut être inspirée par le nom espagnol ou par l’américain. Les deux s’écrivent de la même façon. Mais elle ne devrait pas s’imposer aux médias francophones, français ou québécois. On ne le fait d’ailleurs pas pour d’autres entités politiques (Orégon, Nébraska…).
Le facteur principal à considérer est la langue d’arrivée. Ici, le français. On ne dit pas Crna Gora ou Elláda (Monténégro ou Grèce). A fortiori, il ne faut pas hésiter à poser les accents qui s’imposent en français. Le nom de départ des pays doit s’ajuster aux langues d’arrivée. En somme, Vénézuéla en sol québécois et en sol français!
Gaston Bernier